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JULIE LE MINOR
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From Ti Amo Issue

Depuis plusieurs décennies, l’architecte belge de renommée mondiale s’est entouré des plus grands esprits créatifs. Pour Ti Amo Issue, Glenn Sestig convie quatre figures majeures de l’art contemporain à converser sur les liens étroits et complexes entre l’art et l’architecture, deux disciplines aux frontières poreuses qui se nourrissent et s’influencent mutuellement. Rencontre avec Luc Tuymans, figure majeure de la peinture figurative ; Xavier Hufkens, fondateur de l’une des galeries les plus influentes d’Europe ; Michaël Borremans, peintre, cinéaste et voix artistique singulière ; et Pieter Vermeersch, artiste et peintre dont la pratique hybride est profondément marquée par l’architecture.


« J’ai toujours eu un lien profond avec l’art qui, tout comme l’architecture, est un puissant moyen d’exprimer des émotions, des idées et des réflexions sur le monde. Les quatre figures réunies ici ont chacune une influence particulière sur ma manière d’aborder l’architecture. Luc, par son exploration de la mémoire et de l’histoire dans ses oeuvres, Michaël, qui allie maîtrise technique et intuition dans ses créations, ainsi que Xavier et Pieter, dont les pratiques respectives dans le monde de l’art et des galeries nourrissent et enrichissent ma propre vision », explique Glenn Sestig. Observer l’architecture comme un art : un espace de transformation, un lieu d’expériences sensorielles et émotionnelles.

Translated from French

For over a few decades, the world- renowned Belgian architect has surrounded himself with some of the greatest creative minds. For the Ti Amo Issue, Glenn Sestig invites four major figures of contemporary art to explore the intricate and ever-evolving relationship between two disciplines that continuously inspire and influence each other. Meet Luc Tuymans, a leading figure in figurative painting; Xavier Hufkens, founder of one of Europe’s most influential galleries; Michaël Borremans, painter, filmmaker, and singular artistic voice; and Pieter Vermeersch, an artist and painter whose hybrid practice is deeply shaped by architecture.

I’ve always had a deep connection with art, which, just like architecture, is a powerful way to express emotions, ideas, and reflections on the world. The four figures presented here have a significant influence on the way I approach architecture. Luc, through his exploration of memory and history in his works, Michaël, who combines technical mastery and intuition in his creations, and Xavier and Pieter, whose respective practices in the art and gallery world nourish and enrich my own vision”, explains Glenn Sestig. Observing architecture like art: a space of transformation, a place for sensory and emotional experiences.

LUC TUYMANS, ARTIST

Quels sont vos goûts en matière d’architecture ?
L.T. Konstantin Melnikov, architecte d'avant-garde russe, et Ludwig Mies van der Rohe.

Où puisez-vous votre inspiration ?
L.T. Cela peut être: des choses que je recherche, des rencontres, des rencontres passées. La plupart sont liées au réel et sont utilisées lorsqu'elles sont - ou deviennent - pertinentes.

L'architecture influence-t-elle votre travail ?
L.T. Bien sûr. Les oeuvres sont installées dans un contexte d'exposition, muséal ou autre. J’essaie de respecter l’architecture autant que possible en altérant le moins possible l’espace.

En 2024, vous avez créé L'Orphelin, une fresque temporaire au sein des collections du Louvre. Quel effet cela fait-il de voir votre oeuvre dans un musée aussi prestigieux ?
L.T. J’ai eu la chance de pouvoir choisir une zone spécifique du Louvre, la Rotonde Valentin de Boulogne, un espace hexagonal situé à l’intersection des salles de peinture française et flamande. L’espace a été vidé des peintures existantes, me permettant ainsi de travailler directement sur le mur—une première au Louvre, puisque les autres interventions, notamment celles de Cy Twombly et Georges Braque, avaient été réalisées en atelier. Techniquement, cela représentait un défi, mais tout s'est bien déroulé. L'oeuvre reste visible jusqu'au 26 mai, après quoi les murs seront repeints, comme cela était prévu, car le travail était destiné à être éphémère.

Parlez-nous du penthouse Tuymans-Arocha conçu par Glenn Sestig ?
L.T. Ma femme et moi adorons le penthouse. C'est principalement un espace de vie plutôt qu'un studio. Nous inspire-t-il ? Oui, absolument ! Le penthouse a été conçu en étroite collaboration avec ma femme et moi-même, et il a ainsi été inspiré par nous deux. Nous en profitons chaque jour.

Vos peintures sont profondément ancrées dans l’histoire et la mémoire. Y a-t-il un lieu en particulier qui vous vient à l’esprit comme un puissant réceptacle de mémoire ?
L.T. Ce n'est pas seulement un lieu qui me vient à l'esprit, mais aussi une peinture que j’ai réalisée en 1986. Intitulée Gaskamer (Chambre à gaz), elle est basée sur une aquarelle que j’ai réalisée sur site à Dachau.

Qu’aimez-vous faire lorsque vous ne travaillez pas ?
L.T. Travailler encore plus.

Que vous évoque le thème Ti Amo, imaginé comme une renaissance créative ?
L.T. Cela m’évoque des italiens restés bloqués dans la Renaissance

Translated from French

What are your tastes in architecture?
L.T. Konstantin Melnikov, a Russian avant-garde architect, and Ludwig Mies van der Rohe.

Where do you draw inspiration?
L.T. Can be: things I research, encounters, encounters in the past. Most of them are related to the real and are used when they are or become relevant.

Is architecture an influence on your work?
L.T. Of course. The works are installed within an exhibition context, museum or otherwise. I try to respect the architecture as much as possible with the least amount of alterations to the space.

In 2024, you created L'Orphelin, a temporary fresco within the Louvre’s collections. How does it feel to see your work in such a prestigious museum?
L.T. I was fortunate to be able to pick a specific space within the Louvre, which is the Rotonde Valentin de Boulogne, a hexagonal space situated at the crossroads between the French and Flemish painting rooms. The space was cleared of the existing paintings, and I was able to work directly on the wall, which was a first at the Louvre, since the other interventions by Cy Twombly and Georges Braque were made in the studio. Technically this was a challenge, but it all worked out and it is still visible until May 26, after which the walls will be repainted, as the work was meant to be ephemeral.

Your paintings are deeply rooted in history and memory. Is there a particular place that comes to mind as a powerful vessel for memory?
L.T. Not only does a specific place come to mind, but also a painting I created in 1986. Titled Gaskamer (Gas Chamber), the painting is based on a watercolor I made on-site in Dachau.

Can you tell us about the Tuymans-Arocha Penthouse designed by Glenn Sestig?
L.T. My wife and I love the penthouse. It is mostly living quarters and not so much a studio. Does it inspires us both? Yes, it does! The penthouse was designed in close collaboration with my wife and myself and was as such inspired by all of us and we are enjoying it every day.

What do you enjoy doing when you're not working?
L.T. Working some more.

What does the theme “Ti Amo”, imagined as a creative Rinascimento, evoke for you?
L.T. It evokes again Italians getting stuck on the Renaissance.

XAVIER HUFKENS, FOUNDER OF THE EPONYMOUS GALLERIES IN BRUSSELS

Quelle est la relation entre art et architecture ?
X.H. Elles façonnent toutes deux notre perception de la forme, de l'espace, du temps et de la matérialité. Bien qu'elles évoluent dans des cadres différents, elles partagent une sensibilité fondamentale. Pour moi, les moments les plus saisissants se produisent lorsque les deux convergent, créant un dialogue qui modifie notre compréhension de notre existence. Lorsque cette synergie est réussie, l'art et l'architecture s'élèvent mutuellement, créant des expériences qui résonnent à la fois sur un plan intellectuel et profondément émotionnel.

Quel regard portez-vous sur les nouvelles synergies qui se créent entre l’art et d’autres disciplines ?
X.H. L'art, l'architecture et la mode se sont toujours influencés mutuellement, mais aujourd'hui, nous évoluons dans un monde dynamique et interconnecté où les champs créatifs se croisent, s'enrichissant et se renforçant plus que jamais. Parfois, cela conduit à une fusion complète des disciplines ; d'autres fois, cela a l'effet inverse, en affinant le focus sur une seule discipline. Pourtant, dans les deux cas, la pollinisation croisée est de plus en plus présente.

Qu’est-ce qui attire votre regard lorsque vous découvrez une oeuvre d'art ?
X.H. Mon amour pour l'art est large et éclectique, il repose en grande partie sur l'intuition, probablement façonnée par le fait d’avoir vu beaucoup d'art. Il ne s'agit jamais de tendances ; il s'agit de profondeur, d'originalité et de cet élément de surprise. Je recherche un langage visuel fort et un sentiment que l'artiste exprime quelque chose de différent de ce que j'ai déjà vu. Tout aussi important est l'engagement de l'artiste envers sa vision et la manière dont il fait avancer son travail.

Qu'appréciez-vous dans le style de Glenn Sestig ?
X.H. J'admire la capacité de Glenn Sestig à équilibrer des formes brutes et monumentales avec une sensibilité profonde pour les matériaux. Son travail incarne l'essence de l'architecture moderniste et brutaliste – audacieux, sculptural et intransigeant – tout en introduisant simultanément une élégance qui élève chaque espace au-delà de la simple fonctionnalité.

Vous avez ouvert votre première galerie à Bruxelles il y a 38 ans. Quel regard portezvous sur votre carrière ?
X.H. J'ai toujours aimé ce que l'art me fait ressentir, il m'a donné un sentiment de liberté, tant dans la pensée que dans l'expression. À 22 ans, j'ai abandonné mes études de droit pour ouvrir ma propre galerie et je ne me suis jamais senti aussi vivant. Avec le recul, mon parcours a été celui d'une évolution constante. Le monde de l'art a changé de manière significative depuis la fin des années 80, mais ma conviction de base reste la même : un grand art perdure et le rôle du galeriste est de défendre cet art avec conviction.

Translated from French

What is the relationship between art and architecture?
X.H. They both shape our perception of form, space, time, and materiality. While they operate within different frameworks, they share a fundamental sensibility. For me, the most compelling moments occur when the two converge, creating a dialogue that shifts our understanding of our existence. When that synergy is right, art and architecture elevate each other, creating experiences that resonate both intellectually and emotionally.

How do you view the emerging synergies between art and other disciplines?
X.H. Art, architecture, and fashion have always informed one another, but today we operate in a dynamic, interconnected world where creative fields intersect, enriching and enhancing each other more than ever before. Sometimes, this leads to a complete blending of categories; other times, it has the opposite effect, sharpening the focus on a single discipline. Yet, in both cases, cross-pollination is increasingly present.

What draws your eye when you discover a work of art?
X.H. Mv love for art is broad and eclectic, and much of it comes down to intuition, likely shaped having seen a lot of art. It's never about trends; it's about depth, originality, and that element of surprise. I look for a strong visual language and a sense that the artist is expressing something different from what I've seen before. Just as important is the artist's commitment to their vision and the way they push their work forward.

What do you appreciate about Glenn Sestig's style?
X.H. I admire Glenn Sestig's ability to balance raw, monumental forms with a deep sensibility for materials. His work embodies the essence of modernist and brutalist architecture--bold, sculptural, and uncompromising-while simultaneously introducing an elegance that elevates each space beyond pure functionality.

You opened your first gallery in Brussels 38 years ago. How do you reflect on your career?
X.H. I have always loved how art makes me feel, it has given me a sense of freedom, both in thought and expression. At 22, I gave up my law studies to open my own gallery, and I had never felt more alive. Looking back, my journey has been one of constant evolution. The art world has changed significantly since the late '80s, but my core belief remains the same: great art endures, and the role of a gallerist is to champion it with conviction.

MICHAËL BORREMANS, ARTIST AND FILMMAKER

Quelles sont vos goûts et influences en matière d’architecture ?
M.B. J’aime une architecture élégante, fonctionnelle, polyvalente et respectueuse de l’environnement, tant dans le choix des matériaux que dans son usage. Cependant, je peux apprécier différents styles et approches : Frank Lloyd Wright, Adolf Loos, Walter Gropius, Eero Saarinen, Luis Barragán, Peter Zumthor, Kengo Kuma.

Vos oeuvres résultent d’un long processus de réflexion et d’une grande maîtrise technique. Quels parallèles peut-on établir entre le travail d’un architecte et d’un artiste ?
M.B. Quel que soit le médium ou la technique utilisée par un artiste ou un architecte (un architecte est idéalement un artiste), il doit y avoir une certaine connaissance et, idéalement, une maîtrise de cet outil, en fonction des objectifs et des ambitions à atteindre.

Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Glenn Sestig ?
M.B. Je ne me souviens pas exactement de la première fois que nous nous sommes rencontrés, mais il m’a tout de suite paru chaleureux, charmant et modeste. Il reflète son architecture.

En quoi la scénographie d’une exposition joue-t-elle un rôle crucial dans la perception d’une oeuvre ?
M.B. De la même manière qu’une oeuvre interagit avec son contexte, elle est une présence qui doit trouver la place qui lui convient le mieux. Comme toute chose, elle doit s’intégrer naturellement. La scénographie d’une exposition peut être un facteur facilitateur.

Vous apparaissez dans le film Queer de Luca Guadagnino cette année, une histoire d’amour inspirée du livre de William S. Burroughs. Pourquoi avoir accepté ce rôle ?
M.B. Le cinéma est un médium magnifique, qui – comme la peinture – est difficile à maîtriser. Il m’a toujours inspiré. J’ai accepté ce petit rôle par pure coquetterie.

Le thème de ce numéro est “Ti Amo”. Vous considérez-vous comme un romantique dans l’âme ?
M.B. Oui, j’en ai bien peur.

Translated from French

What are your tastes in architecture?
M.B. I like architecture that is elegant, serving, polyvalent and environmentally friendly, both in materials and in use. I can however prefer different styles and approaches; Frank Lloyd Wright, Adolf Loos, Walter Gropius, Eero Saarinen, Luis Barragán, Peter Zumthor, Kengo Kuma.

What parallels can be drawn between the roles of an architect and an artist?
M.B. Whatever medium or technique an artist or architect - an architect is, ideally, an artist - makes use of; there should be a certain amount of acknowledgement and ideally mastery in it according to the goals and ambitions to be met.

Do you remember your first encounter with Glenn Sestig?
M.B. I do not remember exactly the first time we met, but he immediately struck me as a warm, charming and a modest man. He reflects his architecture.

What is the importance of scenography in the way we perceive an artwork?
M.B. In the same way as the artwork deals with any context; it is a presence that should find its own place that fits best. As all things, they have to fall into place. Exhibition scenography can be a facilitating factor.

You appear in Luca Guadagnino’s 2025 film Queer, a love story inspired by William S. Burroughs’ novel. What motivated you to take on this role in the film?
M.B. Cinema is a wonderful medium that is -like painting- hard to master. It has always been inspirational for me. I accepted the small role out of genuine vanity.

The theme of this issue is “Ti Amo.” Would you describe yourself as a romantic at heart?
M.B. Yes, I’m afraid so.

PIETER VERMEERSCH, ARTIST

Saviez-vous que le premier tableau acheté par Glenn Sestig était l’une de vos oeuvres ?
P.V. Vraiment ? Non, je ne le savais pas. Je suis en fait surpris et curieux de savoir de quel tableau il s’agit.

Si vous n’étiez pas devenu artiste, quelle carrière auriez-vous empruntée ?
P.V. À l'âge de quatre ans, je voulais être maçon. Vers dix ans, j'étais certain de devenir archéologue. À quatorze ans, je voulais être architecte. Mais si l'aspect existentiel de mon parcours actuel n'était pas là, j'aurais aimé être à la fois astrologue et volcanologue.

Votre travail crée un lien fluide entre peinture et architecture.
P.V. Travailler avec l’architecture est devenu une sorte de seconde nature dans ma pratique. Ce fut un processus naturel, né d’une nécessité d’explorer des possibilités plus vastes, mais aussi de libérer la toile de son autonomie. J’ai toujours été attiré par l’architecture sous de nombreuses formes. Cette fascination demeure, ainsi que le besoin d’amener la peinture dans ce médium. Elle est devenue un second cadre : l’espace concret accueillant l’espace abstrait pour ne faire qu’un.

Vos oeuvres dépassent souvent les formats traditionnels, s'intégrant dans une scénographie presque subversive.
P.V. D’une certaine manière, ce sont les espaces qui vous guident, qui vous disent quoi faire. Je cherche toujours à créer des relations qui affinent la nature des oeuvres. Ce qui m’intéresse, c’est une architecture dépouillée de sa fonctionnalité, dénuée de sa narration, en parallèle avec des peintures elles-mêmes privées de leur référence spatiale.

Quelle place accordez-vous à l’intuition et à la spontanéité ?
P.V. Le travail que je réalise nécessite une approche analytique et rationnelle pour capturer l’image que je cherche à atteindre. Mais l’intuition prend le relais lorsqu’il s’agit de faire des choix. Comme un guide mental, plus précis et plus profond que le rationnel. Cependant, un moment clé a marqué mon parcours : lorsque la pratique contrôlée de la peinture a trouvé son contrepoint avec l'ajout de coups de pinceau sur du marbre. Une approche totalement opposée, où l’accidentel s’intègre dans la précision et l’exactitude. Une expérience libératrice, car peindre de grandes toiles est un marathon physique. À l’inverse, les oeuvres sur marbre, avec leurs coups de pinceau, sont davantage une danse entre essais et erreurs, jusqu’à ce que l’équilibre soit trouvé.

Quelle est votre vision de l’amour ?
P.V. D’un certain point de vue, on peut voir toute chose comme une forme d’intelligence. Dans cette perspective, je crois que l’amour, sous toutes ses dimensions, est la plus haute forme d’intelligence.

Translated from French

Did you know that the first painting Glenn Sestig ever purchased was one of your works?
P.V. Really? No, I didn't know that. I'm actually surprised and curious which painting this might be.

If you hadn’t become an artist, what other path would you have taken?
P.V. When I was four years old, I wanted to be a mason. When I was around ten, I was sure to become an archeologist. When I was fourteen, I wanted to be an architect, but if the existential aspect of my current path wouldn't be there, I would have loved to be both astrologist and volcanologist.

Your work seamlessly bridges painting and architecture through an exploration of space, time, color, and representation. What is your relationship with architecture?
P.V. Working with architecture became a kind of second nature in my practice.
It was a natural process coming from a necessity to explore wider possibilities, but also to free the canvas from its autonomy. I have always been attracted to architecture in many ways. I still feel the attraction and the need to bring painting to this medium. It has become the second frame. The concrete space hosting the abstract space to become one.

Your artwork often extends beyond traditional formats, integrating into precise, almost subversive scenography.
P.V. I believe there is no bad exhibition space. It all depends on what you are doing with it. In a way, the spaces guide you, telling you what to do. I always strive to make connections to sharpen the nature of the works. There, I'm interested in architecture stripped from its functionality, stripped of its narrative, in parallel with the paintings stripped from their spatial reference.

Your process appears highly meticulous, almost mathematical. How do you balance precision with intuition and spontaneity?
P.V. The work I create requires an analytical and rational approach to be able to capture the image I want to reach, but intuition takes over when it is about making choices. It's that mental guide which is more precise and deeper than the rational. However, there was a moment when the controlled practice of painting found its counterbalance as I began adding brush marks to marble. A completely different approach to painting, where the accidental is embraced alongside accuracy and precision. It was a liberating experience, as painting large canvases is a physical marathon. It's a kind of focused fight against time, whether the marble works with brush strokes are more a dance between trial and error, until it's right.

What is your vision of love?
P.V. From a certain point of view, we can see everything as a form of intelligence. Within that perspective, I believe love, in all its dimensions, is the highest form of intelligence.

Writer
GLENN SESTIG
Photographer
JEAN-PIERRE GABRIEL
Artist
LUC TUYMANS
Founder of the Eponymous Galleries in Brussels
XAVIER HUFKENS
Artist and Filmmaker
MICHAËL BORREMANS
Artist
PIETER VERMEERSCH
Special thanks to
BERNARD SESTIG
Writer
GLENN SESTIG
Photographer
JEAN-PIERRE GABRIEL
Artist
LUC TUYMANS
Founder of the Eponymous Galleries in Brussels
XAVIER HUFKENS
Artist and Filmmaker
MICHAËL BORREMANS
Special thanks to
BERNARD SESTIG

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